Into the wild (ou presque) Imprimer
Dimanche, 11 Octobre 2009 20:16

 

Si tu vas un jour prochain en vacances en Alaska, ne t'arrêtes pas à Anchorage. Ce serait une grave erreur...

 

Nous, on a débarqué de l'avion de nuit (ou presque) parce que début août il fait encore jour jusqu'à minuit, et donc on a pas tout de suite vu que la ville d'Anchorage, malgré sa situation presque polaire, ressemblait à toutes les villes américaines moyennes tracées au double décimètre et à l'équerre. Partout des blocs plutôt carrés, croisements des avenues et des rues, et particulièrement ici les architectes (encore eux!) urbains ne se sont pas trop creusés la cervelle. Il y a les avenues alphabétiques : la A, la B, la C, etc. et les rues numériques : la 1, la 2, la 3, etc. T'habites où toi ? Bloc C6 ... touché, coulé !

Il y a pourtant dans cette ville quelques rares endroits sympas comme une rue commerçante avec restaurants de crabes géants, spécialité du coin, et boutiques de souvenirs de l'Alaska fabriqués en Indonésie. Et juste derrière la rue, la petite rivière de la fête foraine du saumon. J'appelle cette rivière comme ça car t'as un gars tous les 3 mètres avec une canne à pêche dans la main qu'il n'a probablement jamais utilisée avant (ou presque) et les saumons comme s'il en pleuvait qui remontent la rivière inexorablement et qui atterrissent parfois dans la besace d'un des gars pêcheurs et où on a compris pourquoi tous les passagers mâles sur le départ à l'aéroport avaient des boites isothermes (avec des dessins de poissons dessus) à l'enregistrement des bagages. Concernant cette pauvre bête (le saumon), lire l'article à venir sur la "pêche miraculeuse".

L'autre coin sympa d'Anchorage, fût pour nous un lac en bordure de l'aéroport international d'où partent de petits hydravions qui sont les meilleurs moyens de transport pour partir à la découverte de ce pays immense. C'est depuis ce lac que nous avons pu vraiment constater que l'Alaska pouvait être aussi sauvage et grandiose.

Donc, après une courte nuit car il fait jour en fait assez tôt, après avoir pris la voiture de location, nous sommes tout de suite partis sur l'unique route rejoignant la péninsule de Kenaï et on est tombé rapidement dans les bouchons, avec la seule compensation que dans l'autre sens c'était pire ! C'est incroyable le nombre de bagnoles et de camping cars qui circulent dans le coin ! Sur la route les paysages étaient tout de même grandioses avec des fjords géants, la toundra arctique et 2 ou 3 rivières ou la fête foraine du saumon avait installé ses pêcheurs toujours tous les 3 mètres (ou presque). Et nous sommes arrivés à Soldotna dans un ravissant chalet d'où on voyait régulièrement paître des caribous et voleter des aigles magnifiques. Soldotna est une ville traversée par la rivière Kenaï et complètement vouée aux saumons, la fête foraine y était donc présente. Les conditions météo n'ont pas toujours été propices aux activités de plein air, mais nous avons pu quand même profiter d'une journée de grand beau pour faire un tour en bateau avec rabais de 30% ce qui signifiait (mais nous ne le savions pas !) que la ballade allait être rabiotée aussi de % et donc avec la visite des glaciers tant espérée en moins.

C'est à la fin de notre séjour que l'Alaska est devenue vraiment magique, grâce à un tour du destin qui sur le moment ne nous a pas fait rire du tout (ni même sourire) et qui pour d'autres (les protagonistes malheureux) fut tout simplement tragique. De Soldotna, nous avons pris la route le matin car notre avion décollait dans l'après midi pour Seattle. A une heure du décollage, nous étions toujours dans les embouteillages et à 30 kilomètres de l'aéroport. Un accident grave de la circulation bloquait la route depuis le petit matin. Le prochain avion possible était programmé le lendemain dans la nuit. Et merde, encore une journée à passer dans cette ville de m.... ! Et si on faisait un tour en hydravion ? Et pourquoi pas pour aller voir des ours ? On a tous un casque sur les oreilles pour couvrir le bruit du moteur. Notre pilote est barbu et jovial et il nous a promis des ours. Il regarde à droite et à gauche dans les montagnes. On survole aussi des forêts, des estuaires, des steppes, par ci par là des glaciers majestueux et colorés. Et soudain l'avion pique sur un lac avec une rivière au bout du lac. Notre pilote nous explique : les tâches rouges sont les saumons, les ours sont postés à tous les coudes de la rivières (ou presque). Des petits, des monstrueux, des bruns, des noirs, tous à la pêche au saumon (pauvres bêtes !). Le lac n'est qu'à quelques kilomètres de la route pour Soldotna, mais inaccessible en voiture. L'hydravion fait un nouveau passage au dessus des quadrupèdes plutôt amusés et curieux (ou tout simplement furieux d'être dérangés pendant leur goûter). Le coeur bat plus fort, les yeux s'illuminent, les Ah, les Oh couvrent les bruits du moteur. L'hydravion atterrit sur le lac non loin de l'embouchure de la rivière. En prime les aigles à la pêche (eux aussi), les saumons par milliers, 2 ours qui remontent la rivière et viennent vers nous. Un grand moment de bonheur et un souvenir inoubliable. Into the Wild (ou presque).