La rando de tous les dangers Imprimer
Lundi, 12 Juillet 2010 13:21

10h45, nous amorçons notre départ vers El Chalten depuis la ville de El Calafate, laissant derrière nous le ô combien merveilleux et inoubliable glacier "Perito Moreno"...

 

 

Le programme de la journée est simple : primero, rallier El Chalten et segundo, faire une petite (ou grande) randonnée une fois arrivée sur place.
 

A bord de notre mini van de location tout confort, nous mettons 1h30 pour rejoindre El chalten (au lieu des 3heures que nous avons initiallement prévues... merci le Routard...).
A la décharge du Routard, il faut dire que nous devons cette performance exceptionnelle à une route impecable (qui semble t-il était encore une piste un an auparavant) et à un Schumacher des grands jours (aka Pascal :).

Jusqu'ici tout va bien...

A quelques kilomètres de l'arrivée, s'offre à nous un spectacle fabuleux. Tel un décor Bollywoodien retravaillé par les équipes de Georges Lucas, nous aperçevons, scotchés, les Cerros Fitz Roy et Torre (cerro = mont).
Rien de bien excitant me direz vous peut être... Et pourtant... Ces deux là sont de grands timides savez vous et il est très rare de les voir ensembles (30 jours par an nous a t-on dit). Le temps parfait nous permet donc de profiter de toute la splendeur du lieu qui s'agrémente de montagnes, aiguilles, glaciers et de... hordes de Condors et autres aigles!

13h00, nous arrivons à El Chalten et filons directement à l'office des gardes pour nous renseigner sur les randonnées. Mauvaise nouvelle, un garde nous annonce que pour effectuer les plus belles randonnées à El Chalten, il faut compter entre 6 et 8 heures de marche (la randonnée de la "laguna de los tres"). Il y a bien la petite rando jusqu'au Mirador mais comme on aime à dire au sein du groupe, ça casse pas 3 pattes à un canard (bon Carole était quand même pas mal tentée par celle là :)
Nous ressortons du bureau, légèrement desabusés... Nous nous y attendions un peu puisque en plus du guide du Routard, nous avions eu des informations sur Internet qui allaient dans ce sens... Nous avions juste un secret espoir...

Malgré cela, quelques irréductibles décident de ne pas se laisser accabler, à savoir moi même, Luc et "presque" Ramy ;) Avec un temps pareil, pas question de rater la rando surtout qu'en s'y attelant le jour même, nous pouvons espérer repartir directement le lendemain matin et filer vers Ushuaia (et ainsi gagner un précieux jour...)

Nous décidons donc de partir à la quête d'un logement... que nous mettrons du temps à trouver...

Jusqu'ici tout va toujours bien...

Le logement en poche, plus de temps à perdre, nous constituons notre équipée. Différents groupes voient le jour :

1- Les "petits doigts en l'air" ou "siroteurs parisiens" : J'ai nommé Audrey et... Ramy!!! La motivation de ce dernier est redescendue et il préfère profiterde la journée  et du soleil sur la terasse d'un café.
2 - Les littéraires : Carole au mots croisés, Pascal sur www.viva-america.org, Clara sur Facebook mais sensée être sur ses maths... :)
3 - Les têtes brûlées : Luc et moi-même, sur-motivés pour la rando.

La viva america étant une équipe avant tout, chacun nous accompagne au point de départ de la rando. Sur le chemin, nous nous arrêtons prendre un casse croute pour nous donnerforce et énergie...

Jusqu'ici tout allait bien... mais hélas, tout bonne chose à une fin... et ce coup ci, ce fut la fin de mes lunettes...

Avant de vous narrer le pourquoi du comment (et c'est digne d'un boulet du jour No 2...) créons un brêche au sein de cet article et allons nous en vers... un peu d'histoire et autres informations au sujet d'El Chalten :)

Il faut savoir que le village de El Chalten (qui se situe dans le parc national des Glaciers) existe depuis moins de 20 ans et qu'il a connu une évolution très rapide puisqu'il attire randonneurs et alpinistes venus du monde entier.  Pourquoi tant de gens se pressent t-il pour venir jusqu'ici ? Comme précisé plus haut, ce lieu exceptionnel vaut à lui seul la peine de se déplacer.
Au dela de tout ceci, il faut savoir que les monts Fitz Roy et Torre sont une référence pour les alpinistes car considérés comme quasiment inframchissables! De fait, depuis 1952, seule une dizaine d'alpinistes sont parveus à escalader le fitz Roy qui pourtant ne culmine qu'à 3405m... La diffulté essentielle réside dans, outre la verticalité de la bête, les vents glaciales qui soufflent tout au long de l'ascencion et qui dit-on ici, pourraient figer un chameau à poils longs en une seconde.
Je dois vous avouer que depuis le début de cet article, je nomme injustement le Fitz Roy puisque celui-ci a retouvé il y a peu de temps son nom d'origine, à savoir "El Chalten" (qui signifie "bleuté" ou "montagne qui fume" en indien tehuelche. Chacun choisira la définition qui lui sied ;). Mais comme il m'est plus pratique de de le nommer Fitz Roy (pour le distinguer du village d'El chalten), je continuerai à le nommer de la sorte tout au long de cet article (qui plus est, j'aime bien la prononciation de ce nom :)).
Quant aux randonnées, il y en a 2 célèbres.
- La plus réputée et la plus savoureuse est celle qui conduit à la laguna de los Tres, au pied du Fitz Roy. Une randonnée de 8h Aller/ Retour dite "facile", mise à part l'ascension finale très abrupte.
- Plus courte et plus facile, la randonnée qui vous conduit jusqu'à la laguna Torre en 3h (soit 6h Aller/Retour).
La troisième solution qui s'offre à vous consiste à combiner les 2 randonnées énoncées ci-dessus. Si tel est votre choix, vous mettrez environ 9h Aller/Retour.

Ensuite il existe tout un tas d'autres rando partant d'El Chalten mais les plus belles sont celles mentionnées ici. En ce qui nous concerne, nous avons préféré nous en mettre plein les jambes avec la laguna de los Tres...

Revenons maintenant dans le vif du sujet.

Comme je vous le disais, un boulet peut en cacher un autre et mes lunettes ont fait les frais de la bouleterie du jour...

Sandwich en poche nous quittons la boulangerie et nous nous pressons d'aller rejoindre le départ de la randonnée. Moi tout folichon
que je suis, j'entre dans le van à toute vitesse et en voiture Simone. Sauf que je m'apercois 3 minutes plus tard que par, je ne sais qu'elle
opération du (mal-)saint esprit, mes lunettes Ray Ban qui coutent la peau du slip de wallygator ont décidé, sans même me prévenir, d'aller faire une peite balade...
Très vite c'est l'affolement... boulangerie ? sous un siège ? sous une paire de fesses ? maison ?... Nous décidons de faire demi tour et de repartir en direction de la boulangerie... Et soudain Pascal interrompt nos cerveaux en ébullition : lunettes repérées sur la route, à midi droit devant. Pascal se dirige en plein sur elle... elles sont là, à 5m de nous, à portée de mains... elles m'appellent... je les entends... On se sourie... Et le 4x4 qui arrive en face ne comprend pas le pourquoi des coups de klaxonnes de Pascal... Il ralentie mais n'arrête pas sa course. Moi et mes lunettes comprenons que nous sommes entrain de vivre nos derniers instants ensembles. Un dernier sourire. Et paf le chien. Une larme.
Je descends du van, ne voulant pas croire ce que je viens de voir se dérouler sous mes yeux. Je refuse de me remémorer ce bruit affreux que je viens d'entendre... Je prends sur moi pour ne pas faire un geste ô combien amical au 4X4 destructeur qui a poursuivi sa route sans se rendre compte de rien. Je ramasse mes chères et tendre et ô surprise : seul un verre est cassé! Certes la monture est abimée et elles ne sont plus mettables mais tout de même, après un tel choc, je m'attendais à les retrouver en petits morceaux. Comme quoi, les lunettes Ray Ban, ce n'est pas du caca (c'était l'instant pub).

Sur le moment je suis un peu en colère, j'hésites presque à rebrousser chemin pour passer dans le clan des petits doigts en l'air mais... l'appel de la montagne est trop fort... puis il y a Luc que je ne peux pas abandonner :). Nous poursuivons donc notre chemin et nous arrivons au point de départ de la rando de la laguna de los Tres.

Peu d'effusions car pas de temps pour les sentiments. Une seule consigne est donnée au reste du groupe : si pas de signe de vie de notre part avant 00h00 pétante, appelez la police, la CIA, le MI5 et tout ce qui bouge :)
Le début de la rando est loin de ce à quoi on s'attendait : là où l'on pensait voir une ligne bien droite (et surtout bien horyzontale), nous nous retrouvons sur des petits sentiers escarpées avec un dénivelé certain. Au bout de 2km, nous transpirons déjà... Mais le jeu en vaut la chandelle car déjà se dessine au loin, glaciers et autres monts aux noms qui nous sont inconnus. Il y a aussi ces petits bosquets qui nous couvrent de leurs ombres comme un voile protecteur face à un soleil qui cherche désespérement à nous ralentir. Ca fait du bien. Pour étancher notre soif, nous pouvons boire dans un ruisseau qui coule tout au long de la majeure partie du parcours. Oui, l'eau y est potable est très fraiche (si tant est que personne ne se soulage à 100 mètres de vous en amont...:)
Bref nous avoncons à une rythme plutôt soutenue, dépassant beaucoup de personnes qui vont dans la même direction que nous... et énormément de personnes qui reviennent de la randonnée dans le sens opposé... Mauvais signe? Peu importe! :)
Nous sommes plutôt fiers de nous puisque nous faisons en 2h00 ce que nous aurions dû faire en 3h00. Tout content de notre performance, nous nous prenons à imaginer que nous sommes de grands marcheurs...

Ça, c'était jusqu'à ce qu'ELLE fasse son apparition...

2h50 de marche, nous sommes sensé être presque arrivé... Mais bizarrement, nous n'avons toujours pas croisé le chemin escarpé dont nous avait parlé le guide du parc... Et... le voila enfin... Dans quoi nous sommes nous embarqué, nous les super héros de la marche? Nous pensions connaitre la définition du mot escarpement... Et nous avons fait les frais de notre manque de culture... Et de notre trop grande confiance en nos physiques...
L'ultime ascension est donc sans aucunes communes mesures avec le reste de la randonnée. Pour monter ce dernier chemin, il faut s'évertuer à faire de grande enjambées, tournicoter de ci de là pour progresser dans l'ascencion... prendre sur soi parce que ça fait mal aux fesses... Et surtout ne pas hésiter à s'arrêter car c'est vraiment difficile et à bout de souffle, une blessure est vite arrivée... Et puis vos fesses vous le réclame...
Il nous à fallut environ 1h00 pour monter tout en haut et enfin. atteindre la laguna de los tres.
On vous passe les commentaires sur la beauté du lieu... Le mieux est encore de regarder les photos. Autant l'ultime ascencion fut difficile, autant nous ne regrettons pas d'être monté jusque là... Wouaaah... Ca décoiffe. Juste un petit conseil au passage : Si vous arrivez au bout de l'ascencion, n'oubliez surtout pas de vous rendre sur la gauche où une autre lagune est également observable (100m à faire environ. Que du plat, rassurez vous). Nous restons ici une petite heure, le temps de faire quelque photos, films et surtout... le temps de se reposer... Mais très vite il est déjà l'heure de redescendre, le soleil va bientôt se coucher et on a eu beau apprécié le parcours, nous ne voulons pas revenir en pleine nuit.

Nous repartons donc, en descente cette fois-ci, plus facile mais cela fait mal aux genoux et... nous L'apercevons...

Elle, c'est Alice. Sur le moment, Luc et moi même élaborons toutes sortes de théories sur cette fille qui redescend également... en galopant tel un petit bouquetin des montagnes, sans qu'aucunes souffrance apparentes ne se dessine sur son visage ou autre. Sportive professionnelle ? Guide de haute montagne? Toutes les hypothèses sont permises. Dans tous les cas, il nous reste notre fierté et nous ne pouvons pas se laisser dépasser par une nana qui vient... juste de nous dépasser!!!! On accélère, l'écart se creuse... Mal barré...
Et, soudain, d'un coup d'un seul, nous la rattrapons enfin! Parce que Mlle s'arrête prendre des photos! Non mais... C'est à ce moment que nous l'abordons et que nous apprenons son prénom. Alice, qui n'est pas plus sportive professionnelle que je suis pape et pas plus guide que Luc est Claude Francois. Cette anglaise parfaitement polyglote est juste une fan de sport... Comme nous... Pourtant le décalage est palpable tant elle est à l'aise dans ses petites baskets (là où nous avons des supers pompes de marches...). Nous décidons donc de faire le reste du chemin avec elle, à son rythme (même si je suis sûr que nous l'avons ralentie au final mais qu'elle ne nous a rien dit puisque prit en pitié... ;).

En l'absence de Ramy (hi hi hi ah ah ah), Luc joue le fanfaron et lance soudain "on peut courir aussi si tu veux"... Et hop, la gazelle se met à filer dans les sentiers... Je crois rêver... Nous la suivons tant bien que mal....De fil en aiguille, nous finissons par apprécier cette petite course car nous nous rendons compte que courir fatigue moins que marcher. Ainsi nous alternons entre mini courses et marche à pieds. Les distance filent à une vitesse folle. Alice continue de nous écoeurer et nous apprend qu'ELLE a fait 2 randonnées dans la même journée : celle que nous venons de quitter et celle de la Laguna Torre, soit théoriquement 9h de marche au total Aller/Retour... Bref nous ne sommes plus à cela près.

Sur la route, nous apercevons de magnifiques piverts (en fait des pics à têtes rouges et des pics à dos noirs) Ceux-ci ne semblent pas être dérangés par notre présence et continuent en toute quiétude leur travail de forage arboricole à la recherche de larves et de vers ou tout simplement... d'un nouveau toit. Mais le bruit saisissant de leurs becs frappant le bois nous rappel que le temps presse et que nous devons reprendre notre route... Adieu les petits!

20h00, nous arrivons enfin au bout de notre périple qui fut, il faut le souligner, riche en événements. Il ne nous reste plus qu'à rejoindre notre logement du jour et dire au revoir à Alice, une personne que pour ma part, je n'oublierai pas de sitôt :)
Au final, il nous aura bien fallut 8h00 Aller/Retour en comptant une bonne heure de pause à la laguna de los tres.
Mes derniers mots seront les suivants : si les conditions météorologiques s'y prêtent et que vous êtes prêt à fournir un petit effort physique, foncez et allez y les yeux fermés, c'est que du bonheur! Même si ça fait mal aux fesses :)