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Diaporama des volcans

Les torrents de feu PDF Imprimer
Lundi, 09 Novembre 2009 02:43

« Taxi, taxi ! Tu vas voir, c’est très difficile »*    Voilà comment des gamins proposant des chevaux nous ont accueilli au pied du volcan Pacaya au tout début de son ascension…

 

Mais avant de vous raconter cette formidable et mémorable épopée, un peu de science.

Le volcan Pacaya

Il culmine à près de 2553m près de la ville d’Antigua au Guatemala. C’est le plus fougueux des trois volcans actifs de ce pays (avec le volcan Acatenango et le Fuego). Il fit éruption pour la première fois il y a environ 23 000 ans et après être resté endormi durant près d'un siècle, il entre violemment en éruption en 1961. Les éruptions, presque permanentes, sont caractérisées par des explosions stromboliennes accompagnées de l'émission de petites mais nombreuses coulées de lave. C’est un volcan rouge qui émet des laves généralement basaltiques, suffisamment fluides pour ne pas s'accumuler au point de sortie, et formant des fontaines et des coulées de lave plus ou moins longues progressant parfois à plusieurs kilomètres par heure. Les explosions sont plutôt rares sur ce type de volcan et lorsqu'elles surviennent, elles sont de faible ampleur en termes d'indice d'explosivité volcanique.
Les volcans rouges tirent leur nom de la couleur majoritairement rouge-orangée de leurs produits éruptifs (majoritairement des laves fluides) par opposition aux volcans gris qui émettent majoritairement des cendres volcaniques au cours d'éruptions explosives. Fin de la leçon.


A dire vrai, les gamins avec les chevaux n’étaient pas le tout premier comité d’accueil. Avant eux, leurs frères et leurs sœurs plus jeunes nous avez vendu des bâtons pour nous aider dans la grimpette. C’était la foire d’empoigne ; ça braillait, ça gesticulait dans tous les sens, les petiots courraient de l’un à l’autre (nous, pauvres touristes), nous sautaient quasiment dessus, nous tiraient par le bras, les gamins empochaient l’argent. A la fin, nous étions toujours sept (ouf !) et nous avions chacun un bâton (à la bonne heure !), mais on a bien du en payer 12… C’était tout bénef pour eux, d’autant qu’à notre retour quelques heures plus tard ils ont tellement insisté pour les récupérer, qu’on leur a rendu.

Et nous voilà partis à la suite du guide et avec d’autres touristes sur les pentes du volcan. Et c’est vrai que le chemin raide et pavé du début est assez difficile. Les chevaux sont derrière nous, les gamins insistent, ils guettent une défaillance, un souffle coupé … mais non, nous ne craquerons pas ! Le chemin passe dans la forêt et la verdure et c’est bizarre car on a l’impression que les pentes n’ont pas connu de coulée de lave depuis bien longtemps alors que nous nous attendions à trouver un volcan actif et que c’était d’ailleurs pour ça qu’on était venu.Des chiens qui nous suivent maintenant ont remplacé les chevaux que l’on croise quand même de temps en temps, au cas où !

C’est à un détour du chemin que l’on tombe sur le vif du sujet : il y a devant nos yeux ébahis 2 grands cônes volcaniques dépourvus de toute végétation. Un des cônes paraît inactif, des baraquements y sont d’ailleurs installés, et l’autre plus imposant laisse échapper une colonne de fumée grise et dense. La chose la plus intéressante est une sorte de protubérance basaltique sur l’un de ses flancs où l’on voit distinctement une bouche vomir des torrents de lave liquide. Et il ne fait pas encore nuit ! Plus tard dans le noir, le spectacle sera lumineux et grandiose, mélange de rouge et de feu.

La grimpette sur le cône actif commence alors dans un éboulis de cendres et la progression est plus lente. A chaque pas la chaussure s’enfonce et glisse (et pas vraiment vers l’avant, si vous voyez ce que je veux dire !). Mais au fait, où va-t-on ? On ne va pas quand même voir de plus près à quoi ressemble de la roche en fusion ? (D’autant que les torrents se transforment assez rapidement en avalanche de matières incandescentes quand la pente est plus raide). Et bien oui, on y va !  Et à grande enjambées, monsieur ! La fatigue a disparue, la gloire est proche. On traverse par moment des coulées refroidies de matière plus visqueuse qui laisse des amas de roches coupantes. On ne voit plus les chevaux (trop raide), les chiens sont toujours là (pourquoi ?). C’est surement pour se chauffer la couenne car maintenant que nous longeons une petite crête basaltique, des bouffées de chaleur sortent du ventre de la terre. Plus loin, c’est plus de la grimpette mais plutôt de l’escalade, les rochers sont coupants, les plaques sont instables et cassantes, la chaleur augmente, il commence à faire nuit et nous n’avons pas tous une lampe torche. Un des gars du groupe parti en sandales abandonne, il a bien fait, il aurait pu se brûler les pieds ! Et nous, encore heureux d’avoir acheté des bâtons aux gamins, même au prix fort ! On se rend compte bientôt que les plaques et les roches en question sont tout juste fraîchement refroidies. Dessous à quelques centimètres la matière est encore en fusion et des fissures et crevasses nous montrent clairement cette consternante réalité. A quelques mètres du but notre guide nous abandonne et se barre en direction des coulées (peut-être pour un repérage ?). Il nous fait ensuite des signes de la main pour nous montrer vaguement le chemin à suivre. Ramy en éclaireur le remplace avantageusement en nous éloignant d’une plaque instable et fragile tout près de la lave. Nous sommes maintenant au contact des torrents qui s’écoulent en un long fleuve tranquille. Le rayonnement de chaleur est quelquefois insupportable, on s’amuse à mettre nos bâtons et à lancer des mashmallows dans les ruisseaux de feu; ils s’enflamment instantanément. Il fait maintenant nuit noire et c’est magique,  on rigole, on plaisante, on crie, on est tous des gamins, des illuminés ou des dieux. Quelque uns iront même jusqu’à se rapprocher tout près de la bouche du volcan au risque de se brûler les moustaches.

Nous n’avons pas vu le danger (bien réel pourtant), le guide non plus d’ailleurs, mais il ne s’est rien passé de méchant et je pense qu’il n’y a jamais d’accident grave.

Il faut partir maintenant, et même sans lumière la descente paraît plus facile. Sur le chemin en nous retournant nous contemplons ce spectacle époustouflant de la nature, les coulées, les chutes de roches en fusion et le cratère principal qui s’énerve un peu et laisse s’échapper des fontaines de lave. En bas notre chauffeur nous attend, on boit des sodas bien frais et bien mérités.

Votre reporter préféré vous a même recueilli quelques impressions à chaud de vulcanologues en herbe :

Ramy « C’est une expérience unique et exceptionnelle à faire au moins une fois dans sa vie ».

Willy « Un orgasme terrestre duquel né un flot torride infernal et infini qui s’en va s’écouler dans la vallée encore assombrie »

Clara « L’une des choses les plus extraordinaires que j’ai vu dans ma vie »

Carole « Une ascension difficile et parfois dangereuse, mais un spectacle aussi grandiose, ça se mérite ! »

Audrey « Chaud, très chaud. Beaucoup d’adrénaline ! »

Luc « Les mains qui tremblent, les yeux qui s’embrassent »

 

* Traduction approximative de l’espagnol avec l’aimable autorisation de l’auteur.

 

Commentaires 

 
#2 mariepaule    12-11-2009 12:47 Les photos de votre époustouflante ascension sur les flancs du volcan pacaya(un nom qui ne s'oublie pas)au Guatemala,nous ont comblés,et nous propulsent momentanément loin très loin de notre ordinateur,c'est tout juste si on ne sent pas la chaleur de la lave en fusion lorsque vous marchez à ses cotés.
que d'expériences extraordinaires vous vivez ,merci de nous les faire partager.
 
 
#1 super mamie    10-11-2009 00:03 Je croyais avoir tout vu en tant que curiosité mais non! c ' est de plus en plus fort et superbe à la fois bravo pour les caméramans et aussi le narrateur , je m 'y voyais Biz à tous ( j 'oubliais les personnes photographiées sont au top !!!!! )