Passage d’une voiture Panama – Colombie Imprimer
Vendredi, 12 Février 2010 02:10

Par voie terrestre il n’y a aucune route entre le Panama et la Colombie dans la région du Darien, uniquement de la jungle, des marécages et des militaires en tout genre...

La seule possibilité raisonnable pour faire la jonction en voiture entre les 2 Amériques est le bateau. Certains bateaux acceptent, paraît-il, de prendre à leur bord des véhicules sur le pont. Nous avons personnellement choisi un container de 40 pieds (longueur approximative de 12m) qui pouvait contenir 2 voitures. Grace aux « petits nomades » rencontrés sur une plage de Puerto Viejo au Costa Rica nous récupérons les coordonnées d’Evelyn Batista de l’Agence Barwill au Panama qui après contact par mail va pouvoir se charger de nos voitures.

Coordonnées de l’agence :
 
Wilhelmsen Ships Service
Barwill Agencies S.A.
Galerias Balboa, suite 35 Ave. Balboa – Aquilino De La Guardia
Panama City
tél : 507 263 7755
Fax : 507 223 0698
Cette adresse email est protégée contre les robots des spammeurs, vous devez activer Javascript pour la voir.
www.Wilhelmsen.com

Le prix pour le transport du container est de 1900 US$ à destination de Carthagène en Colombie et de 2000 US$ pour Guayaquil en Equateur plus des frais supplémentaires à l’arrivée pour l’agence réceptrice et les services du port. Il y a bien d’autres agences sur place, mais nous n’avons pas pris la peine de faire jouer la concurrence. Initialement nous voulions éviter la Colombie pour des raisons de sécurité mais nous finissons par accepter de nous rendre à Carthagène. Divers témoignages glanés sur la route nous ont déjà décrit la Colombie comme un pays extraordinaire avec des gens curieux et gentils, très loin de la mauvaise réputation que ce pays a en France. Par la suite, notre expérience nous montrera que ces témoignages n’étaient pas surfaits pour notre plus grande satisfaction. De plus l’agence Barwill avait fait passer l’année précédente plus de 200 véhicules vers la Colombie pour seulement 3 vers l’Equateur. Autant dire que le savoir faire plaidait encore une fois pour ce grand pays par ailleurs classé 2ième mondial pour la biodiversité (derrière le Brésil). C’est fait, c’est dit, on ira donc en Colombie et une fois le deal accepté nous nous sommes engagés dans une longue série de formalités et de rendez-vous avant de pouvoir rouler à nouveau, mais cette fois-ci dans le sud.

Durant tout le processus ce sont surtout les informations qui nous ont le plus manquées et l’agence aurait pu faire un petit effort à ce sujet : nous expliquer ce qu’on attendait de nous à chaque rendez-vous, les lieux précis des bureaux et administrations, les durées pour chaque démarche, ce qu’on allait nous fournir comme documents, etc. Pour toutes les démarches, prendre avec soi le passeport et les papiers du véhicules.

Voici donc un inventaire des différentes étapes vécues dans un ordre chronologique :

 

-1- Départ du Panama

a) Prendre contact à l’avance avec l’agence.

Par téléphone ou par mail pour fixer la date de départ et avoir un aperçu des premières formalités.

b) trouver l’agence à Panama.

Relativement facile car elle est visible à partir de l’avenue Balboa en front de mer.

c) Préparer les documents pour l’agence.

En fait c’est surtout de l’argent liquide qu’il faut apporter en plus des passeports et des papiers du véhicule. Venir plutôt le matin et compter environ 2 à 3h avec l’agence.

D) Faire les formalités de police.

C’est dans un quartier de Panama city où nous n’aurions jamais eu l’idée d’y mettre les pieds tellement il fait peur ! Heureusement que ça se passe dans la journée à 11h50 très précisément. Nous on a bien « galéré » avant de pouvoir se garer où il fallait (car il y a contrôle du véhicule) près du premier bureau et nous n’avons malheureusement pas pris de photos des lieux, mais nous avons par contre dessiné un plan de mémoire qui peut-être bien utile :

On a cru comprendre que la Police à cet endroit contrôlait essentiellement si le véhicule n’était pas volé (avec une connexion avec Interpol notamment). Le deuxième bureau de police est en face du premier et est plus accessible pour se garer. Son rôle est de taper le rapport fait par le premier bureau et de nous le remettre. Entre la fin des contrôles du premier bureau et le début du travail du deuxième nous avons attendus environ 3h. Ensuite retour à l’agence maritime pour remettre obligatoirement le rapport de police, régler les dernières formalités, et la journée a été entièrement consacrée à la première phase du processus.

e) Faire les formalités de douane.

Nous les avons faites le jour même de la mise en container des voitures et près du port de Colon (port d’embarquement pour Carthagène à environ 2h par la route de Panama City) mais nous pensons qu’on peut les faire avant si on se trouve dans les parages. Encore une fois le manque d’information nous a fait un peu tourner en rond malgré un plan fourni par l’agence. Pour accéder aux bureau des douanes près du port de Colon il faut prendre un embranchement sur la route principale où se trouve un toboggan (c’est le seul qu’on ai vu) qui enjambe un carrefour et où l’endroit ressemble à un « no man’s land ». Ne pas prendre le toboggan mais suivre la deuxième à droite en longeant des grands bâtiments qui semblent désaffectés (c’est en fait une zone franche entourée de murs). Les bureaux de la douane se situent au niveau de la première porte de la zone franche, mais cette porte est seulement une sortie pour les véhicules. Ne pas tenter de rentrer dans la zone avec la voiture et la laisser à l’extérieur, la douane est accessible beaucoup plus facilement à pied et les douaniers n’ont pas besoin de voir le véhicule. Les papiers de douane ont été obtenus en 30mn et sont indispensables pour la suite des événements.

f) Mettre les voitures dans les containers.

Sur la même route que la douane et plus loin se trouvent l’entrée des bureaux du port et une annexe de l’agence maritime qui renseigne tant bien que mal sur la suite des événements. Il y a en premier lieu des formalités portuaires avec 10$ à régler par voiture puis l’entrée effective dans l’enceinte du port encore plus loin sur la route. Nous avons eu besoin de l’aide d’un guide (pas gratuit comme d’habitude) qui était vraiment le bienvenu. On est entré dans le port à 11h pour en ressortir vers 14h30 avec aucune possibilité d’acheter de l’eau ou de la nourriture à l’intérieur de l’enceinte ultra protégée. Avant donc la mise sous scellés des containers et notre sortie effective à pied et assoiffés, il y a eu : De l’attente, une fouille complète des voitures avec un chien renifleur, de l’attente, le déplacement des Toyota devant les containers, de l’attente, le passage d’au moins une dizaine de personnes des douanes et de la sécurité (pour faire quoi ?), de l’attente, à nouveau une fouille (le même chien et son maitre), de l’attente, des dockers qui fixent les voitures à l’intérieur des containers avec des cales en bois, des clous et des cordes, de l’attente, à nouveaux les gars des douanes et de la sécurité dont un avec les scellés, 2 ou 3 photos, les portes sont refermées, emballées, c’est pesé !

 

-2- Carthagène en Colombie

Le bateau a eu quelques jours de retard (ça arrive !) et l’agence maritime a été un peu évasive quant aux raisons et surtout concernant l’arrivée effective du bateau au port. Nous avons commencé les formalités dès la connaissance de l’arrivée du bateau, mais certaines d’entre elles auraient pu être faites avant : le paiement de l’agence maritime réceptrice, les premières formalités de douane et l’achat des assurances auto (SOAT) qui sont obligatoires et vérifiées par les contrôles de police sur la route.

a) Payer l’agence maritime réceptrice.

C’est près du port de Carthagène et c’est facile à trouver. On donne l’argent convenu (environ 150$ par voiture), on nous dit d’aller voir la douane Colombienne et adios. En 15mn c’était bouclé !

b) La douane Colombienne.

En premier lieu faire les papiers pour l’entrée en Colombie puis prendre RdV avec un inspecteur pour le contrôle effectif des véhicules qui se fait le jour suivant. Il faut prévoir environ 2h à 3h pour les papiers et l’endroit est simple à trouver.

c) Les services portuaires.

La première demi journée a été consacrée à des formalités sans fin où on remplissait les mêmes informations sur des formulaires quasiment identiques (va savoir pourquoi ?) avec l’espoir toujours vain de pouvoir récupérer les voitures rapidement. Le port nous a fait payer pour l’occasion environ 60$ par véhicule pour ses services (d’occasion !). Il faut dire que c’était un stagiaire qui nous était dévolu et que ses seuls atouts étaient son dévouement sans faille et un anglais plutôt correct et compréhensible. Après 3h entre ses mains on est ressorti vers 18h00 sans les voitures.

d) Enfin la récupération !

Le lendemain, rendez-vous avec la douane à 9h00 : en 20mn c’était « torché » après une inspection sommaire. Nous sommes dans l’enceinte du port, un casque de sécurité sur la tête et le gilet jaune fluo, notre stagiaire est là, il est confiant et nous aussi par la même occasion. Reste à savoir où sont les clés des Toyota pour pouvoir enfin décoller ! Après on ne sait pas vraiment se qui s’est passé, mais celui qui a écrit le scénario avait véritablement beaucoup d’imagination : à nouveau des formulaires à remplir, des caissiers à voir, qui vont manger, qui sont remplacés, à qui il ne faut rien payer, des bons de sortie dans différents services, des contre bons qui valident les premiers, des contre contre bons pour être certains, un casque et un gilet qu’il faut rendre, puis récupérer, et restituer à nouveau, notre stagiaire toujours confiant et nous beaucoup moins, des promesses de sortie rapide dans tous les services, des promesses toujours vaines, des badges de sécurité à réinitialiser, un processus très compartimenté, obscur et secret, une désorganisation bien organisée. A 17h30, on est dans les starting blocks; reste l’ultime épreuve : faire démarrer la Toyota gold qui n’a plus de batterie (la clé avait été laissée sur le contact par les dockers à Panama), c’est chose faite et on se « barre » illico presto.

Toutes les formalités en Colombie auront duré 2 jours pleins. Il paraît que ça aurait pu être pire ! (témoignages recueillis sur place).